Chez le chien

Comment détecter une tumeur dans l’oreille chez le chien ?

Je vois une masse sur l’oreille de mon chien, est-ce un cancer ?

Lorsque vous remarquez la moindre anormalité chez votre chien, il est toujours plus prudent de contacter votre vétérinaire car la masse que vous voyez ne peut être qu’une petite excroissance inoffensive, une simple tique, un petit kyste, mais parfois malheureusement une tumeur plus grave ! Mieux vaut être fixé rapidement.

Une masse anormale dans l’oreille de votre chien ? Demandez conseils à votre vétérinaire !
Crédit photo : fongleon356 / Gettyimages

Quels sont les types de tumeurs possibles au niveau de l’oreille de mon chien ?

Seul le vétérinaire est capable de différencier le type de la tumeur, souvent après un prélèvement, permettant l’analyse des tissus en laboratoire (histopathologie après biopsie ou retrait chirurgical).

Tout d’abord, il faut faire la distinction entre les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes. Les tumeurs bénignes gardent une structure semblable au tissu d’origine, ne prolifèrent que localement (sans métastase), ont une faible vitesse de croissance et ne récidivent généralement pas après exérèse (c’est-à-dire, après avoir enlevé la masse) contrairement aux tumeurs malignes.

Parmi les tumeurs bénignes rencontrées dans l’oreille du chien, on distingue :

Le papillome : Il s’agit d’une petite verrue dont l’origine est bien souvent virale. Cette masse, d’aspect molle et désordonnée, est bénigne et n’a qu’un impact esthétique sans grave conséquence. Il n’y a donc pas d’urgence à l’enlever, votre chien peut parfaitement vivre avec ce type de tumeur. Elle peut toutefois, de par sa taille croissante, gêner votre compagnon qui en se grattant risque de faire saigner cette petite masse.

Le lipome : Il s’agit d’une boule de graisse bien délimitée et totalement bénigne. Si cette masse a une taille conséquente, elle peut être mécaniquement gênante pour votre chien mais comme pour le papillome, elle n’a qu’un impact esthétique sans grave conséquence.

Le polype : Il s’agit d’une néoformation inflammatoire, qui est parfois une complication d’otite chronique allergique (comme chez les Bouledogues, les Cockers et les Labradors). Le polype est relativement bénin mais prend son origine parfois profondément dans le conduit auditif, votre chien sera alors vite ennuyé par la présence de ce polype (se secoue la tête, garde la tête penchée, se gratte l’oreille concernée, etc.). Dans ce cas, la chirurgie d’exérèse du polype est conseillée.

L’adénome : Qu’il ait son origine au niveau des glandes cérumineuses (produisant le cérumen) ou des glandes sébacées (produisant le sébum), il s’agit d’une tumeur bénigne dont l’exérèse est souvent conseillée pour des raisons de confort de l’animal.

L’histiocytome bénin : Sous forme de petit nodule rosé bien délimité, parfois ulcéré, l’histiocytome touche essentiellement les jeunes chiens aussi bien au niveau de l’oreille que de la face ou parfois les membres. Votre vétérinaire vous conseillera éventuellement de l’enlever afin de certifier le diagnostic.

Les tumeurs suivantes sont plutôt malignes:

Le mastocytome : Tumeur dont la gravité dépend du grade de la tumeur. Très ressemblant macroscopiquement à l’histiocytome, il s’agit d’une masse bien délimitée pouvant parfois s’ulcérer et provoquant une réaction inflammatoire locale sévère.

Le carcinome épidermoïde : Touche bien plus souvent le chat que le chien. Il s’agit d’un cancer de la peau (situé généralement sur l’extrémité de l’oreille ou sur la truffe) suite à une exposition prolongée et répétée aux rayons du soleil. Le traitement consiste en l’ablation partielle ou totale du pavillon de l’oreille. Il est préférable d’agir rapidement afin de limiter les dégâts!

L’adénocarcinome : Il s’agit d’une tumeur maligne entraînant de la douleur, une mauvaise odeur et des sécrétions plus abondantes. Souvent ulcérée, cette tumeur est très vascularisée et saigne facilement, elle est très proliférative et peut envahir toute l’oreille causant parfois des troubles neurologiques. Une intervention rapide est nécessaire.

Comment diagnostiquer une tumeur chez mon chien ?

Le premier réflexe à adopter lorsque vous repérez une masse sur l’oreille de votre chien est de contacter votre vétérinaire.

A l’aide d’un otoscope, il pourra examiner la totalité du conduit auditif et délimiter la masse et son aspect bénin ou malin.

Si le vétérinaire souhaite confirmer son diagnostic avant une chirurgie éventuelle, il pourra effectuer une ponction à l’aiguille fine (FNA) qui permettra de prélever quelques cellules. Après coloration spécifique, il aura une idée de l’origine de la tumeur au microscope. Une biopsie est également possible, c’est-à-dire, un prélèvement d’une petite partie de la masse qu’il enverra alors au laboratoire d’histopathologie. Lorsque la tumeur est invasive et prend son origine profondément dans le conduit auditif, un scanner de la tête de votre chien est conseillé afin de voir quelles structures sont envahies par la tumeur.

Lors de suspicion de tumeurs malignes, il est toujours conseillé d’effectuer un bilan d’extension, c’est-à-dire de vérifier si la tumeur a envahi d’autres tissus de votre chien, ou s’il y a une altération de son état général. 

Palpation des ganglions, radiographies thoraciques afin de déceler d’éventuelles métastases pulmonaires, prise de sang pour vérifier le taux des différentes populations sanguines, échographie abdominale pour vérifier les métastases au niveau des différents organes (comme le foie par exemple), sont des examens complémentaires permettant d’évaluer le pronostic de votre chien, et si son espérance de vie peut être altérée par la présence de cette tumeur.

L’examen otoscopique permet de contrôler la malignité de la tumeur
Crédit Photo : Dr. Alicia Quiévy

Quels sont les traitements possibles ?

Lorsque votre chien présente des petites masses anodines (excroissance, petite verrue), les techniques de cryothérapie ou de laser suffisent pour enlever ces excroissances inesthétiques.

Si la tumeur est de plus grande taille, votre vétérinaire vous proposera l’exérèse de la masse voire du pavillon auditif complet s’il y a un risque qu’elle soit maligne et/ou trop envahissante. Lorsque la masse ne peut être enlevée dans sa totalité, de la radiothérapie post-opératoire peut être envisagée.

Les chirurgies de l’oreille ne sont pas sans risque ! En effet, certaines complications post-opératoires sont possibles comme le syndrome vestibulaire (perte d’équilibre), le syndrome de Horner (pupille plus petite, 3ème paupière recouvrant l’œil) ou un gonflement inflammatoire (sérome). Ces complications peuvent cependant disparaître lors de la cicatrisation quand l’inflammation post-opératoire diminue.

En conclusion, veuillez toujours demander conseil à votre vétérinaire lorsque vous remarquez une gêne au niveau de l’oreille de votre chien, cela peut être annonciateur d’un problème plus conséquent.

Dr Alicia Quievy

Diplômée : Liège 2017

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